Introduction à Kanban (1re partie)
[Photographie Spiria.]
Le Kanban de Toyota
Le système Kanban est une technique de production en flux tendu apparue dans les années 1950, chez le constructeur automobile Toyota. Elle est devenue le standard d’organisation rationnelle d’une grande variété de chaînes de montage dans le monde entier.
Kanban, ou kamban, カンバン, est le nom donné à l’origine par Toyota à la fiche rigide qui sert de support à cette méthode. La fiche est attachée aux caisses de transport de pièces détachées et sert à l’échange d’informations entre deux postes de travail. La production d’objets industriels est une “cascade” de poste en poste, et la méthode sert à ajuster l’offre en amont à la demande en aval.
Il s’agit que le poste en amont ne livre pas plus que n’a besoin le poste qui vient après lui, et pas moins non plus.
[Illustration Toyota montrant deux types de kanban, celui de production et celui de manutention.]
L’invention du kanban est attribuée à Taiichi Ōno, ingénieur qui avait rejoint l’entreprise en 1943 et participé à la réorganisation de la production après la guerre. C’est le principal pilier de la méthode Toyota dite des Cinq zéros (zéro délai, zéro stock, zéro papier, zéro défaut, zéro panne), les trois premiers zéros dépendant grandement de l’usage des kanbans.
Le principe de base est d’une grande simplicité. Le poste amont A envoie un conteneur de pièces au poste aval B, doté d’un kanban (fiche). Le nombre de pièces par conteneur est toujours fixe. Dès que le poste B prend la première pièce du conteneur pour l’utiliser, il fait renvoyer le kanban au poste A. Le poste A sait alors qu’il doit livrer un nouveau conteneur. Le kanban doit être considéré comme un bon de commande. Le système aide à éviter la surproduction et limiter le stockage, autorisant d’ajuster l’offre à la demande en temps réel.
Dans la pratique, la technique est bien plus sophistiquée, obéit à un grand nombre de règles, et de nos jours, le kanban a souvent été dématérialisé grâce à l’informatique.
Kanban et développement logiciel
En matière de développement logiciel, le Kanban est une méthodologie de travail basée sur les principes de la philosophie Agile. Elle n’a que de lointains rapports avec le système de Toyota, le développement logiciel obéissant à des règles et exigences bien différentes de celles présidant à l’assemblage d’une automobile qui comprend environ 30 000 pièces. Les programmes informatiques sont intangibles, ne sont pas fabriqués à la chaîne, ne résultent pas de l’assemblage répétitif de composants. De plus, la philosophie Agile, imprégnée de pensée anarcho-libertaire et de principes d’auto-organisation, est en opposition majeure avec celle du Système de Production Toyota.
Il est cependant possible de dresser des parallèles si vous imaginez que les tâches unitaires (user stories) sont des pièces détachées. La portée de ces analogies reste toutefois restreinte, même s’il y a une communauté d’objectifs comme le “zéro délai” par exemple.
La méthode Kanban est récente, formulée dans un livre en 2010 par le consultant en management David J. Anderson. Elle est typiquement une méthode de contrôle de flux des travaux (workflow), permettant d’éviter les engorgements et de livrer le plus vite possible. Elle repose sur le concept que chaque pôle fonctionnel (spécifications, développement, revue de code, assurance qualité, etc.) a une capacité prédéterminée à traiter un certain nombre de demandes simultanées (WIP, Work-in-Progress limit). Ainsi, il est possible de niveler la demande en fonction de la capacité.
Kanban autorise en particulier à s’extraire du cycle fixe de l’itération (typiquement une durée de deux semaines), propre à la méthode Scrum, et de livrer en continu, quand c’est prêt. Le temps demandé entre l’expression d’une fonctionnalité et sa mise à disposition est ainsi souvent réduit. Kanban est également plus agile et réactif que Scrum, autorisant des changements à n’importe quel moment, sans attendre la fin d’une itération.
[Photo Jeff Lasowski. Un tableau Kanban dans sa forme la plus simple.]
Les 5 propriétés fondamentales
- Visualiser le flux des travaux.
- Limiter le nombre de tâches simultanément en cours (WIP).
- Gestion en continu du flux des travaux.
- Avoir des règles de gestion du flux explicites.
- Proposer des actions d’amélioration de manière collaborative.
Dans un prochain article, nous aborderons les outils de visualisation du flux de travail qui sont centraux à la méthode Kanban et qui permettent de bien comprendre la pratique de la méthode.
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