Typo3 se traîne la réputation de grosse machinerie conçue pour le plaisir d’ingénieurs bavarois… renommée qui n’est pas totalement usurpée. En effet, il s’agit d’une plateforme complexe et laborieuse, assez populaire dans la vieille Europe, et très notamment dans les pays germanophones. Le champ d’utilisation où ce CMS excelle est assez limité. Un simple blogue ? Un traditionnel site d’entreprise ou de produit ? Une boutique en ligne ? Passez votre chemin, à moins d’être déjà expert de la plateforme, aimer souffrir, ou encore avoir un faible pour la vaine complexité. Pour reprendre une image chère à la communauté Typo3, on ne peut pas comparer un vélo et un avion, les deux répondent à des besoins différents… Nous en conclurons que si l’apprentissage de WordPress est aussi difficile que celui de la bicyclette, maîtriser Typo3 peut effectivement ressembler à savoir piloter un Boeing.
Ce système de gestion de contenu écrit en PHP, a été créé par le danois Kasper Skårhøj et démarre en 1997 comme produit sous licence commerciale. En 2000, son créateur décide de passer en licence publique générale GNU, ce qui va contribuer à une plus large diffusion du CMS. À partir de 2003, Typo3 bénéficie d’une importante contribution de l’entreprise française Dassault Systèmes, spécialisée dans la CAO et la 3D, notamment en embauchant Kasper. En 2007, le gourou fondateur quitte le navire Typo3, préférant se consacrer à d’autres projets, comme l’étude de la Bible et l’élevage de ses enfants.
Dans son histoire, le logiciel a vu la naissance d’une branche importante : Neos. Il s’agit d’une version complètement réécrite qui devait être la version 5 de Typo3, mais ce projet baptisé Phœnix, puis Neos, est devenu autonome en 2008 alors que la version 4 de Typo3 poursuivait son propre chemin.
Typo3, aujourd’hui en version 8, montre typiquement ses forces sur un énorme site documentaire et tentaculaire, comme celui d’une multinationale industrielle ou encore d’une importante université. Gérer des centaines de contributeurs presque facilement, disposer d’une d’autorisations d’accès granulaires (de style Unix ACLs), garantir de strictes procédures de validation/publication (workflows)… Il sait faire. En outre, le CMS est connu pour la qualité de son code et n’a pas à ce jour rencontré de problème de sécurité majeur. La version 8, sortie le 28 mars dernier, apporte de multiples améliorations et exige PHP 7.0.
À titre d’exemple, et pour revenir aux gros aéroplanes, le site d’Airbus repose sur Typo3. De très nombreuses pages, une structure complexe, plusieurs langues, des éditeurs aux quatre coins du monde, des procédures variées et sophistiquées… : de nombreuses exigences faisaient de Typo3 un bon candidat pour ce site.
De grandes organisations internationales comme l’Unesco, Amnesty International ou Greenpeace, font également confiance à Typo3. Au Québec, on trouve un nombre significatif de sites gouvernementaux, comme le site du Ministère de l’éducation et de l’enseignement supérieur, et de portails universitaires, comme celui de la Recherche à l’Université de Montréal.
Ci-dessus, Typo3 propose un backend assez dépouillé et pas nécessairement des plus intuitifs.
En résumé, Typo3 est un produit de niche qui correspond à des cahiers des charges d’une certaine envergure, mais ne saurait être considéré comme un CMS d’une grande polyvalence. S’il offre des garanties de fiabilité, de sécurité, et de visibilité sur le long terme avec ses versions dites LTS (Long Term Support), ce qui est très apprécié des grandes entreprises, Typo3 est un produit complexe et sophistiqué qui demande au déploiement un investissement non négligeable, même si le logiciel est gratuit. À vous de déterminer si vous avez besoin d’un vélo, d'une auto ou d’un avion.
(Note : L’association exige que nous écrivions « TYPO3 », mais je suis rebelle à ce genre de formalisme typographique.)