Retour sur CanUX
Rose-Marie, designer chez Spiria Montréal, revient sur la dernière conférence CanUX et nous partage les moments qui l’ont marquée :
En novembre dernier avait lieu CanUX (prononcez canucks), le plus grand événement UX au Canada. C’est 20 conférenciers provenant de différents pays du monde qui sont invités à partager leurs points de vue et expériences sur différents aspects liés à l’expérience utilisateur. Avec plus de 520 participants de différents domaines, c’est un rassemblement enrichissant. J’ai eu la chance d’assister pour la première fois à cet événement qui prenait place au musée canadien de l’histoire, à Gatineau.
Du fait de l’organisation, l’expérience générale en tant que participante était agréable. Une attention particulière était portée à ce que les visiteurs seuls se sentent bien accueillis. Tout était en effet pensé pour favoriser les échanges et discussions entre participants. Lors des pauses et autres moments d’attente, on nous offrait des collations, et pour le dîner, nous étions envoyés par groupes dans différents restaurants à proximité du musée, ce qui permettait de rencontrer des gens et de discuter avec eux. L’horaire était précis et toutes les instructions concernant les deux jours étaient clairement présentées dans le petit livret remis au début qui nous servait aussi de badge d’identification.
Après avoir assisté aux nombreuses présentations, certaines m’ont beaucoup intéressées et d’autres moins. J’en ai retenu deux qui m’ont marquées parce qu’elles sortaient de l’ordinaire.
La vie numérique après la mort
Cette présentation touchante d’Alberta Soranzo avait pour but de faire réfléchir sur ce qui se passe avec les multiples comptes sur les réseaux sociaux d’un individu après sa mort. Devons-nous avoir des lois qui permettent ou non de faire supprimer le compte d’un proche après son décès ? Allons-nous pouvoir choisir ce qui arrivera à nos comptes après notre mort dans les paramètres de nos profils ? Des proches peuvent-ils avoir accès aux identifiants d’un compte d’un défunt ? Il est probable que personne ne veut permettre après sa mort un accès complet à ses conversations privées. La conférencière donnait un exemple tiré de son compte Facebook où l’on continue de la notifier que c’est l’anniversaire d’une personne décédée, et chaque année, des gens lui souhaite un bon anniversaire ne sachant pas la triste nouvelle. De son côté, Linkedin propose de se connecter avec cette personne décédée il y a 5 ans.
En tant que designer, je retiens qu’il faut prendre le temps de réfléchir à créer une bonne expérience utilisateur au niveau du onboarding sans négliger le offboarding. Il est très important de penser l’histoire du début jusqu’à la fin.
Le contrôle des portes dans une prison
La conférence Mark Bottomley présentait l’interface du tableau de bord d’un poste de contrôle dans un établissement correctionnel. Cette présentation montrait l’importance de prendre en considération le contexte d’utilisation dans sa globalité : l’environnement physique, les utilisateurs, le type de portes, le niveau de sécurité, les opérations quotidiennes comme les situations d’urgence. Ainsi, la couleur associée à une porte verrouillée est le vert tandis qu’une porte ouverte s’affiche en rouge. Il faut aussi qu’il y ait un symbole accompagnant la couleur pour assurer l’accessibilité aux personnes qui ne distinguent pas le rouge du vert (daltonisme deutéranope). Ensuite, les contrôles des portes sont de vrais boutons mécaniques plutôt qu’un écran tactile parce que l’opérateur doit garder en permanence le regard vers le gardien qui lui fera un signe visuel. De plus, il existe plusieurs types de verrouillage : une porte peut être barrée pour tous ou seulement dans un sens, par exemple lorsque les détenus verrouillent leur porte, afin d’empêcher les vols, avant de rejoindre les aires communes. Ces exemples étaient accompagnés d’une démonstration de l’interface. Il est évident que le niveau de risque d’un projet comme celui-ci est très élevé, mais c’est un bel exemple où l’utilisateur et son contexte doivent être au centre des décisions. J’ai bien aimé la présentation parce que c’est inhabituel d’avoir une démo de ce type d’interface vraiment très spécifique.
En général, les présentations étaient intéressantes et offraient de nombreux bons conseils. Mike Monteiro nous a fait une conférence au ton humoristique sur les 10 règles d’un designer, un sujet sérieux. Cet homme est très drôle. « Un bon designer trouve une façon élégante de mettre tout ce dont vous avez besoin sur une page. Un grand designer te convaincra que la moitié de ces trucs est inutile. » (“A good designer finds an elegant way to put everything you need on a page. A great designer convinces you half that shit is unnecessary”.)
En tant que designer, il faut être curieux et poser des questions pour avancer. L’importance de bien comprendre l’utilisateur et d’être conscient que les autres pensent différemment de nous est un sujet qui a été abordé lors de plusieurs présentations. Je retiens aussi qu’il ne faut pas être trop attaché à ses idées. Il faut savoir les laisser tomber quand ça ne fonctionne pas et l’important est d’être flexible et de s’ajuster. Je suis revenue au bureau avec de bonnes idées et l’envie d’appliquer ces concepts dans mes projets. Est-ce que j’y retournerais en 2019 ? J’aimerais bien, mais ce serait sans doute plus intéressant d’être au moins 2 afin de pouvoir échanger des idées et de discuter sur les sujets, tout en les reliant à notre réalité chez Spiria.