Ne obliviscaris — Xerox
Le prochain empire que nous allons étudier dans la série « Ne obliviscaris » est Xerox.
Créée au début des années 1900, sous le nom de Haloid, Xerox commence ses activités en tant que petite manufacture de produits photographiques dans la ville de Rochester dans l'état de New York aux États-Unis. Ce n'est que vers la fin des années 1940 que la compagnie frappe fort. Elle achète un brevet détenu par inventeur américain, que Kodak avait pourtant refusé d'acquérir, qui porte sur une nouvelle technique : l'électrophotographie, qui fut plus tard renommée la xérographie.
Après quelques années de développement, la compagnie achève une des plus importantes inventions depuis la machine à imprimer de Gutenberg: La photocopieuse Xerox 914. Fini les retranscriptions, finit la difficile tâche de préparer les plaques d'impressions caractère par caractère. Les documents peuvent être simplement dactylographiés et copiés à plusieurs centaines d'exemplaires à faible coût. Rapidement toutes les compagnies, toutes les universités, toutes les écoles veulent de cet appareil révolutionnaire. La compagnie multiple les demandes de brevet et réussit à protéger chacun des concepts utilisés dans son invention. Si bien que la compagnie vient à posséder la totalité du marché qu'elle a créé. La compagnie enchaîne les profits records année après année.
Une bonne idée...
Au début des années 1970, la compagnie Xerox, alors à son summum, crée le Palo Alto Research Center. Ses dirigeants savent que sa position dominante du marché n'est que temporaire. La compagnie veut être à l'origine de la prochaine révolution technologique. Elle embauche les meilleurs ingénieurs et inventeurs. Elle dépense des sommes colossales dans son centre de recherche.
La compagnie commence à montrer des signes de faiblesse lorsque la Federal Trade Commission commence à s'intéresser à cette absence de compétition, un élément essentiel du capitalisme américain. En 1975, Xerox plie devant le département de justice américaine, et accepte de licencier son portfolio de brevets à ses compétiteurs, essentiellement des compagnies japonaises.
Celles-ci vont rapidement leur faire une féroce compétition. Rapidement, les parts de marchés de 100% de Xerox descendent à 10%. Malgré qu'ils perçoivent des royautés, les profits, eux aussi, descendent.
... mal exploitée
La direction de la compagnie vers le début des années 1980 commence à considérer que le PARC est une onéreuse dépense et commence à amputer ses budgets. Pourquoi ?
Les dirigeants de Xerox ne comprennent pas l'importance des découvertes faites par leurs propres chercheurs. Xerox invente la souris, l'interface graphique, le premier ordinateur personnel capable de produire des images. Ils poussent même plus loin en créant sur papier une ébauche des tablettes tactiles, les iPad, les tablettes Android, que nous utilisons aujourd'hui.
La compagnie est incapable de produire des produits abordables et accessibles au public. Un Xerox Star, considéré comme le premier ordinateur moderne, vaut au minimum 16 000 US$. (64 000$ en 2013). Et un ensemble complet, avec une imprimante et un module d'accès réseau peut valoir jusqu'à 100 000$.
En 1979, Steve Jobs réussit à convaincre un des dirigeants de Xerox de lui faire visiter le PARC. Très rapidement, il réalise tout le potentiel inexploité des inventions qui y sont développé. Lorsqu'il retourne discuter avec les dirigeants de Xerox, ceux-ci, si peu convaincus qu'Apple réussira à transformer ses technologies en produit rentable, acceptent de lui céder leurs brevets en échange d'actions.
En 1984, Apple frappe fort. Le Macintosh lance une nouvelle ère en informatique. Et Xerox s'en mort les doigts parce qu'il a vendu ses brevets pour une bouchée de pain.
Les bons élèves
Apple, Microsoft et Google ont bien appris de cette histoire. Les trois compagnies vont systématiquement breveter la moindre de leurs inventions même s'ils n'en voient pas l'utilité. N'hésitant pas une seconde à se poursuivre à la moindre occasion.
Les mauvais élèves
En 2003, trois diplômés de Havard, décident de créer un site pour retrouver leurs anciens amis. Ils créent le projet « Havard Connection ». Ils embauchent successivement quelques étudiants pour coder le site web. À la fin de 2003, ils tombent sur un étudiant, nommé Mark Zuckerberg. Mais ils ne font qu'une entente verbale avec lui. Quand il réalise tout le potentiel de leur projet, il préfère copier leur projet et créer ainsi Facebook.