L’impression 3D personnelle : une mode en déclin ?
Mais voilà qu’aujourd’hui, il ne reste plus que les médias spécialisés dans les technologies pour parler encore de l’actualité de l’impression 3D, et encore, assez parcimonieusement… En tant que possesseur d’une imprimante 3D, je partage ici mes impressions sur cet engouement passé, qui fut suivi d’une certaine désillusion, et sur la situation actuelle telle qu’elle me paraît être.
Avant la vague
Avant la vague de popularité, les imprimantes 3D étaient des machines peu courantes, coûteuses et délicates à fabriquer. C’était généralement des machines à vocation industrielle, et elles étaient presque les seules à exister à l’extérieur des cercles de bidouilleurs amateurs de DIY (Do it yourself).
Peu de temps avant que l’impression 3D déferle dans les médias, le mouvement DIY arrivait à offrir des machines de moins en moins chères à construire, entre 400 et 600 $. De petites entreprises ont commencé à proposer des machines complètement assemblées qui demandaient seulement un minimum de maintenance.
La vague : la promesse d’une révolution
La vague a commencé quand le consommateur moyen a eu enfin la possibilité d’acheter une imprimante 3D promise “sans tracas”. À ce moment, des journalistes ont parlé d’une révolution pour les consommateurs : le pouvoir d’imprimer tout objet ou presque au lieu de l’acheter.
Au début de la vague, j’avais déjà mon imprimante depuis quelques mois. Plusieurs personnes m’ont payé des montants conséquents pour avoir des objets faits sur mesure et elles en voulaient toujours plus. Ce marché était alors à son sommet. Peu de gens étaient alors prêts à investir dans une solution complète à 2000 $. Et ils étaient encore moins intéressés par la complexité de la construction d’une imprimante par soi-même.
La chute de la vague
La vague a disparu aussi vite qu’elle était venue. Des personnes se sont mises à vendre leurs kits, même pas assemblés. Je n’avais plus de clients pour des impressions personnalisées et les gens oubliaient même jusqu’à l’existence de la technologie.
Pour moi, les deux principales raisons de cette désaffection sont :
— La technique n’est pas simple. Encore aujourd’hui, l’impression 3D est toujours un procédé long et complexe. Pour faire une impression, il faut modéliser un objet, préparer le modèle pour qu’il puisse s’imprimer correctement et transformer ensuite le modèle en code lisible par l’imprimante. Enfin, il faut aussi calibrer l’imprimante, lancer l’impression, attendre plusieurs heures la fin de l’impression — ce qui est une grande école de patience — et nettoyer le modèle de ses ébarbures et autres petits défauts.
— Avoir accès à l’impression 3D ne crée pas nécessairement le besoin de l’employer. L’innovation est là, mais le plus grand des problèmes est que les gens ne savent pas vraiment quoi en faire. La phase d’excitation de la découverte fait ainsi rapidement place au désenchantement pour les consommateurs.
Ce qui peut nous rassurer pour l’avenir, c’est que le marché de l’impression 3D non industrielle est encore vivant, porté par de nombreux enthousiastes. Et les développements technologiques aidés par la vague de popularité ont grandement permis aux machines de progresser. La technique n’était sans doute pas encore assez mature et les promesses trop excessives à l’époque de la vague pour ne pas entraîner une désillusion rapide chez un public plus large.
En fin de note : le marché industriel a quant à lui été touché par l’impression 3D de plein fouet. L’industrie des pièces mécaniques et le processus de leur design ont été complètement modifiés par la simplicité de prototypage offerte par l’impression 3D. De la fabrication de maquettes, de moules d’injection à celle de petites séries de pièces, tout va maintenant plus vite et est plus économique.