L’avenir de la mobilité, vu par Intel
Quels sont les facteurs qui lui font avancer cette somme conséquente ? Intel prévoit une convergence de phénomènes qui vont former un terreau fertile pour le transport autonome à grande échelle. Entre autres : l’urbanisation toujours croissante et généralisée, l’adoption du transport urbain sur demande (à la Uber par exemple), les possibilités technologiques toujours plus grandes et l’accès démocratisé à une bande passante à très haut débit.
La mobilité en tant que service
Dans une étude récente, Intel présente ses conclusions sur l’importance qu’aura l’industrie naissante de la mobilité comme un service (Mobility-as-a-Service ou MaaS) dans un futur rapproché. La vision d’Intel pour 2050 fait état de trois pôles qui composeront la nouvelle économie du transport : la MaaS pour les citoyens, la MaaS pour les entreprises et de nouvelles initiatives de transport autonome.
Selon Intel, l’émergence de la MaaS pour les citoyens se fera d’abord et avant tout à travers l’adoption de tous nouveaux comportements concernant les transports. Par exemple, finie l’idée de posséder sa propre voiture d’ici quelques décennies. Les prospectivistes d’Intel estiment que les citoyens feront le choix massif d’opter pour des moyens de transport beaucoup plus économiques. Tout en restant individuels, car selon le géant technologique, le changement n’arrivera pas par le transport en commun, ce qui peut paraître de prime abord surprenant, mais pas tant que ça.
Le scénario prévu par Intel pour ce proche avenir est plutôt le suivant : quiconque pourra en tout temps demander qu’une voiture sans chauffeur vienne le chercher pour l’amener rapidement et sans encombre à la destination de son choix. C’est la forme que Google teste actuellement en Arizona.
L’autonomie pour économiser temps et argent
En plus de l’économie substantielle liée au fait de ne pas posséder de voiture individuelle, Intel prévoit les bénéfices suivants à l’échelle mondiale :
- Environ 585 000 vies seraient sauvées grâce à un taux d’accident significativement moins élevé pour la période de 2035 à 2045 ;
- Sur cette même période, Intel estime que la réduction des accidents amènera une réduction des coûts liés (assurances, réparations, etc.) de 234 milliards de dollars US ;
- Enfin, les voitures autonomes permettront aux passagers d’économiser plus de 250 millions d’heures annuellement dans les grandes villes du monde en raison d’une meilleure gestion du trafic et de la congestion.
Selon les Nations Unies, plus des deux tiers de la population mondiale vivront en milieu urbain en 2050. La vision proposée par Intel présume qu’une concentration de la population de plus en plus élevée fera en sorte que le coût de la vie urbaine ne cessera d’augmenter. Ceci forçant un pourcentage substantiel de la population à s’éloigner vers une périphérie de plus en plus étendue, rendant difficile une infrastructure de transport en commun économique et efficace.
La congestion inévitable forcera alors l’adoption des véhicules autonomes, mieux à même de gérer la circulation. Selon cette même vision, les réseaux auront évidemment été optimisés et comme la majorité des autres véhicules seront autonomes également, les bouchons, accidents et autres obstacles sur la route seront chose du passé !
La révolution dans le transport des marchandises
Toujours selon l’étude d’Intel, les entreprises trouveront également leur compte, car le transport de marchandises deviendra lui aussi largement autonome, grâce à l’addition de flottes de camions intelligents. Des revenus de l’ordre de 3 000 milliards de dollars sont prévus pour 2050 pour cette industrie, soit environ 43 % de l’ensemble des revenus générés par cette économie des véhicules autonomes.
Autant pour la livraison locale que pour l’agriculture et l’industrie lourde, le transport autonome en mode MaaS permettra de plus de résoudre la pénurie mondiale de camionneurs sur longue distance. Seulement aux États-Unis en 2017, Intel estime qu’il y aura une pénurie de plus de 200 000 camionneurs qualifiés. Une situation similaire s’observe dans toutes les économies développées de la planète à l’heure actuelle.
De nouveaux services de transport personnalisés
Intel voit l’émergence d’une nouvelle culture permettant à de nouveaux modèles d’affaires d’émerger au cœur de l’économie du passager. Dans le changement de paradigme culturel, il y a l’abandon de la propriété et l’adoption des modèles d’abonnements et des services spécialisés, ce qui permettra la transformation des véhicules en « pods ». Ces pods sont des modules personnalisés par des entreprises, qui proposent des produits et services pendant que les passagers sont en transit. On pourrait par exemple imaginer des « pods-lits » offerts par Hilton ou encore des « pods-repas » offerts par McDonald’s. Après tout, si c’est le véhicule qui se conduit lui-même…
C’est l’autonomie, permise par des technologies dont nous voyons actuellement les débuts — guidage GPS, électrification des transports, apprentissage des machines, intelligence artificielle — qui permettra aux véhicules, voitures, camions et « pods » de rouler presque 24 heures sur 24 pour livrer des marchandises, transporter les populations, faire de la distribution… Avec ce transport routier à la fois plus intensif et mieux distribué, libéré de la « contrainte » du chauffeur, c’est l’économie en entier qui promet de mieux rouler.
En somme, cette étude représente-t-elle une vision stratégique, une utopie ou encore des vœux ? Il faut dire qu’Intel a intérêt à voir se réaliser ses scénarios, surtout depuis son achat en mars dernier de Mobileye, une entreprise israélienne développant des systèmes de vision pour l’automobile qui, en partenariat avec BMW, devrait mettre sur le marché une voiture autonome dès cette année. Pour le reste, seul l’avenir le dira !